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From: Sandy P. Klein
Vendredi 30 avril 2004
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Culture & Spectacles
MARCHÉ DE L'ART Le romancier est à déchiffrer dans ses livres annotés et ses envois dessinés, à Genève le 5 mai
Un papillon russe nommé Nabokov
Valérie Duponchelle
[30 avril 2004]
«Certains de mes personnages sont, à n'en pas douter, assez odieux, mais ça ne m'affecte pas, ils sont à l'extérieur de moi comme les monstres lugubres aux façades des cathédrales – des démons placés là pour montrer qu'ils ont été jetés dehors. En réalité, je suis un vieux monsieur fort doux qui a horreur de la cruauté», insista Nabokov (1899-1977), dans Strong Opinions (Intransigeances), livre dont le titre sonne déjà comme une mise en garde (1). L'auteur est un personnage. De ceux, complexes et paradoxaux, qui forcent le lecteur à tourner les pages. De ceux qui ravissent les biographes par l'enchevêtrement de ses immenses références et l'épaisseur des fourrés qui protègent son âme de créateur.
La lecture de la «Bibliothèque Nabokov», fausse modeste à l'anglo-saxonne dans ses jaquettes illustrées, enrichie par l'esprit à travers mille annotations et corrections, ne simplifiera pas le portrait de ce farouche perfectionniste (2). Il y a quelque chose d'obscur et de fascinant dans cet ensemble monomaniaque qui exprime la folle ténacité d'un auteur pourchassant son oeuvre toujours et encore. «Je suis un écrivain américain, né en Russie et formé en Angleterre où j'ai étudié la littérature française avant de passer quinze ans en Allemagne», aimait à résumer ce natif de Saint-Pétersbourg en 1899 (le même jour que Shakespeare) qui «apprit à lire en anglais avant de savoir lire en russe» et plongea dans la littérature en guise de terrain de jeux. En seulement 104 lots et quelque trente titres, voici le versant intime d'une vie d'exil entamée sous les ors russes et la fée littéraire.
Une de ces «collections d'un autre ordre, dont la valeur excède les critères habituels (...) par la relation singulière qui existe entre [les ouvrages] et celui qui en est dépositaire», écrit avec passion, dans un vrai catalogue de chercheur, l'expert Alain Nicolas, après des mois passés à déchiffrer les secrets nichés dans cette «Bibliothèque Nabokov» (3). L'étude du premier lot, l'édition originale de Ada or Ardor, 1969, avec envoi à son fils Dmitri sous la forme d'un papillon baptisé «Parnassius concinnus Nab.», est un rébus humoristique et savant qui joue avec la classification chère à Linné et Buffon (l'espèce, le genre, le découvreur)... Quatorze lignes de commentaires pour comprendre la légende laissée par l'entomologiste facétieux sur le jaune d'or de la première garde volante (estimée 80/100 000 €).
Raretés absolues – ces envois étant réservés aux siens –, deux, seulement, sont passés aux enchères. Tous ses manuscrits sont depuis 1991 dans la collection Berg à la New York Library. Simplicité de l'objet (des éditions souvent des plus courantes, parfois de poche, petits papiers anoblis par un «Uncorrected» du maître en couverture). Sobriété de la forme (liste des corrections à venir, notée au crayon gris en ouverture, comme un strict inventaire militaire). Rigueur du trait dans ces papillons dessinés à l'encre ou aux crayons de couleurs, envois exclusifs à Vera, l'épouse miroir, la muse de ce mari modèle qui fit flamber l'adultère dans ses écrits, ou à Dmitri, le «traducteur préféré» d'un auteur qui maltraita jusqu'au procès les autres, traités en sacrilèges. Certains envois commencent tendrement en russe avec toute la panoplie des diminutifs chère à cette langue des poètes, puis continue en anglais et passe au latin pour inventer un nom de papillon, A! patura Verina, hommage à Vera dessiné à Montreux, dernière terre d'accueil (édition originale de Poems and problems, 1971, collision des passions de Nabokov, littérature, échecs et papillon, est. 80/10 000 €).
«Les sciences exactes apportèrent à Nabokov des joies précoces et durables (...) l'entomologie l'a installé dans un monde au-delà du bon sens dans lequel «lorsqu'un papillon doit ressembler à une feuille, non seulement tous les détails de la feuille sont admirablement rendus, mais l'aile est généreusement constellée de marques imitant des trous faits par des vers». Aussi [Nabokov] attendait-il de lui-même et des autres, sur le plan artistique, quelque chose en plus – une éclosion de magie mimétique, de reflet en trompe-l'oeil –, quelque chose de surnaturel et de surréel», applaudit le romancier américain John Updike, premier défenseur de ce magicien de l'érudition qui admirait à la folie Pouchkine et de Flaubert, mais restait allergique à Dostoïevski et «au style à fossettes de Jane Austen» (4). «On peut voir dans le papillon, hier larve repoussante, aujourd'hui vitrail éclatant, l'illustration de l'exil, de sa souffrance qui conduit par sa ! sublimation à la création», ajoute Alain Nicolas, avec le même enthousiasme pour l'homme Nabokov, sa vie, son oeuvre.
Jusqu'à Lolita la scandaleuse qui peut être relue, dit-il, comme la souffrance de la vieille Europe déracinée, confrontée à la vitalité inculte et séduisante de l'Amérique. Lolita, «feu de mon âme, feu de mes reins» pleure Humbert-Humbert son suborneur, revit ici sous toutes ses formes. Couverture noire et rose pour l'édition danoise de 1957. Titre en noir et nom de l'auteur en rouge diabolique pour l'édition américaine de 1959. Avec la starlette de Kubrick, et sa sucette, pour l'édition anglaise de 1962. Avec le «O» de Lolita en forme de coeur percé d'une épingle à nourrice pour l'édition originale du script en 1974. La relecture de ce grand roman brûlant par l'oeil froid de Kubrick ne plut guère au plus russe des auteurs américains.
(1) In Nabokov, Oeuvres romanesques complètes, édité par Maurice Couturier, La Pléiade, tome 1, 1999, Gallimard (75,46 €).
(2) Bibliothèque de Dmitri Nabokov (ouvrages dédicacés et annotés par Vladimir Nabokov), en vente le 5 mai à 15 h par Jacques Tajan à l'Hôtel des Bergues, Genève (produit estimé entre 1,2 M€ et 1,7 M€).
(3) Fin proustien, habitué de ses «paperoles», Alain Nicolas a décodé les envois de Nabokov, savants jeux entre les langues (vivantes et mortes) avec Svetlana Sabine, l'épouse de feu André Sabine, le libraire de Le bibliophile russe.
(4) En introduction de Nabokov, Littératures qui retranscrit les conférences de l'écrivain pour les étudiants américains (Livre de poche, «Biblio Essais» n° 4 065 & 4 083).
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Machine Translation:
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Culture & Spectacles
WALKED Of ART the novelist is to be deciphered in his annotated books and his drawn sendings, in Geneva on May 5
A Russian butterfly named Nabokov
Valerie Duponchelle
[ April 30, 2004 ]
"Some of my characters are, of not to doubt, rather odious, but that does not affect to me, they are outside me as the lugubrious monsters with the frontages of the cathedrals - demons placed there to show that they were thrown outside. Actually, I am an old extremely soft Mister who has horror of cruelty ", insisted Nabokov (1899-1977), in Strong Opinions (Intransigences), delivers whose title sounds already like a warning (1). The author is a character. Those, complex and paradoxical, which force the reader to turn the pages. _ some those which ravissent the biographer by the tangle of its immense reference and the thickness of filled which protect its heart of creator.
The reading of the "Nabokov Library", distorts modest with Anglo-Saxon in its illustrated jackets, enriched by the spirit through thousand annotations and corrections, will not simplify the portrait of this savage perfectionist (2). There is something of obscure and attractive in this monomaniaque unit which expresses the insane tenacity of an author pursueing his work always and still. "I am an American writer, born in Russia and formed in England where I studied the French literature before spending fifteen years to Germany", liked to summarize this native of Saint-PĂ©tersbourg in 1899 (the same day as Shakespeare) who "learned how to read in English before knowing to read in Russian" and plunged in the literature as a play-ground. In only 104 batches and some thirty titles, here the slope intimates of a life of exile started under Russian golds and the literary fairy.
One of these "collections of another kind, whose value exceeds the usual criteria (...) by the singular relation which exist between [ works ] and that which is an agent", written with passion, in a true catalogue of researcher, the expert Alain Nicolas, after months spent to decipher the secrecies nested in this "Nabokov Library" (3). The study of the first batch, the original edition of Ada gold Ardor, 1969, with sending with his/her Dmitri son in the shape of a butterfly baptized "Parnassius concinnus Nab.", is a humorous rebus and scientist who plays with expensive classification with Linné and Buffon (the species, the kind, the discoverer)... Fourteen lines of comments to include/understand the legend left by the facetious entomologist on the gold yellow of the first flying guard (estimated 80/100 000 €).
Absolute scarcities - these sendings being reserved for his -, two, only, passed to the biddings. All its manuscripts are since 1991 in the Berg collection in the New York Library. Simplicity of the object (of the editions often of most current, sometimes of pocket, small papers anoblis by a "Uncorrected" of the Master in cover). Sobriety of the form (list of the corrections to come, noted with the gray pencil in opening, like a strict military inventory). Rigour of the feature in these butterflies drawn with the ink or the colouring pencils, exclusive sendings with Vera, the wife mirror, the MUSE of this model husband who made flame the adultery in his writings, or with Dmitri, the "preferred translator" of an author which maltreated until the lawsuit the others, treated in sacrileges. Certain sendings start tenderly in Russian with all the expensive panoply of the diminutives to this language of the poets, then continuous in English and passes to Latin to ! invent a name of butterfly, Apatura Verina, homage to Vera drawn in Montreux, last land of welcome (original edition of Poems and problems, 1971, collision of passions of Nabokov, literature, failures and butterfly, is. 80/10 000 €).
"the exact sciences brought to Nabokov joys early and durable (...) entomology installed in a world beyond the good direction in which " when a butterfly must resemble a sheet, not only all the details of the sheet are admirably returned, but the wing is liberally constellated with marks imitating of the holes made by worms ". Also [ Nabokov ] waited it itself and others, on the artistic level, something in more - one blossoming of mimetic magic, of reflection in horn-the eye -, something of supernatural and surreal ", applauds the American novelist John Updike, first defender of this magician of the scholarship which admired with the Pouchkine madness and of Flaubert, but remained allergic to DostoĂŻevski and " the style with small cavities of Jane Austen " (4). "One can see in the butterfly, yesterday pushing back larva, today bright stained glass, the illustration of the exile, his suffering which leads by its sublimation to creation", Alain Nicolas adds, with same enthusiasm for the man Nabokov, his life, his work.
Until Lolita the scandalous one which can be read again, says it, like the suffering of old uprooted Europe, confronted with the uncultivated and tempting vitality of America. Lolita, "fire of my heart, fire of my kidneys" cries Humbert-Humbert its suborner, lives again here in all its forms. Black and pink cover for the Danish edition of 1957. Titrate in black and name of the author in diabolic red for the American edition of 1959. With the starlet of Kubrick, and her lollipop, for the English edition of 1962. With the "O" of Lolita in the shape of heart bored of a nurse pin for the original edition of script in 1974. The second reading of this large extreme novel by the cold eye of Kubrick hardly liked Russian of the American authors.
(1) In Nabokov, complete Novels, published by Maurice Dressmaker, the Pleiad, volume 1, 1999, Gallimard (75,46 €).
(2) Library of Dmitri Nabokov (works dedicated and annotated by Vladimir Nabokov), on sale on May 5 with 15 H per Jacques Tajan with the Hotel of Bergues, Geneva (produced estimated between 1,2 M€ and 1,7 M€).
(3) End proustien, accustomed its "paperoles", Alain Nicolas decoded the sendings of Nabokov, erudite plays between the languages (alive and died) with Svetlana Sabine, the wife of fire André Sabine, the bookseller of the Russian bibliophile.
(4) In introduction of Nabokov, Littératures which retranscribes the conferences of the writer for the American students (Book of pocket, "Biblio Essais" n° 4 065 & 4 083).
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