Vladimir Nabokov

NABOKV-L post 0008592, Wed, 17 Sep 2003 10:41:13 -0700

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From: Sandy P. Klein


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Julie Bertucelli | Vincent Ferrané

Julie Bertucelli : "A Tbilissi, presque chez moi"
ADEN | 16.09.03 • MIS A JOUR LE 15.09.03 | 19h18
Avec Depuis qu'Otar est parti Julie Bertucelli signe un premier film d'une rare beauté. Filmé en Georgie, il montre comment la vie quotidienne de trois femmes s'organise comme un équilibre autour d'une absence.
aden : Une grand-mère, une mère, une fille. Depuis qu'Otar est parti est l'histoire de trois femmes...

Julie Bertucelli : Oui, mais les hommes sont très présents, tout le temps... même si on ne les voit jamais. Je voulais parler du rapport de ces femmes qui ont trop adulé les hommes ou les ont mis à une mauvaise place. Cet Otar qui est parti est pour ces femmes, respectivement, un fils, un frère et un oncle. Le rapport de chacune à l'image – absente – de cet homme en dit aussi long que s'il était là. On voit la difficulté d'être mère. Et celle des rapports mère-fille. Ce n'est pas un film autobiographique mais, comme je viens d'une famille plutôt matriarcale, c'est sans doute la partie du film où je me retrouve le plus... Ce que j'ai cherché, avant tout, c'est à mettre ces trois personnages de femmes au même niveau, en laissant en évidence leurs possibles contradictions. Toutes trois sont liées par des liens de sang... et par un mensonge. Le mensonge, ça peut être enrichissant. Il est porteur de création, de fantasmes. Il force l'imagination. Et ! puis, le film se passe en Géorgie ; comme tous les Etats nés de l'ex-URSS, c'est un pays traversé par le mensonge.

Pourquoi avoir choisi de tourner lĂ -bas votre premier film ?

Déjà, à l'école, j'avais choisi le russe parce que ma grand-mère maternelle avait épousé un compositeur russe, cousin de Nabokov. J'ai beaucoup fantasmé sur cette parenté. Je mentais en disant que "Nabokov était mon grand-père" – et l'on pensait évidemment à l'écrivain. En grandissant, j'ai accepté le destin ! Puis, comme je parlais russe, en devenant assistante, je suis partie pour des tournages à Moscou, à Leningrad... jusqu'au jour où je suis allée en Géorgie avec Otar Iosseliani pour Brigands, chapitre 7. Le pays sortait de la guerre civile mais j'ai adoré le pays, les gens, leur culture. A Tbilissi, beaucoup de gens sont chanteurs ou danseurs amateurs. Ça les tient en vie. Ils peuvent marcher des heures pour aller au théâtre. Comme si leur dignité, leur âme, tenaient grâce à la culture. Pour un Français, ça remet beaucoup de choses en place.

Dans le film, c'est surtout une question d'atmosphère...

Parce que j'en ai gardé des souvenirs d'odeurs, de sons... des souvenirs de balcons en bois, de rues pavées, de cours avec des arbres sublimes... Toute une atmosphère surannée, une sorte de dépaysement temporel qui donne l'impression d'être dans les années 1940-1950, dans une ambiance méditerranéenne. La Géorgie est un carrefour d'influences européennes, turques, asiatiques...

... C'est aussi un pays où il n'est pas forcément facile de vivre.

On voit les coupures de gaz, d'électricité... Et la mafia, qui gangrène tout. Mais le film n'est pas un portrait de la Géorgie. Je ne voulais surtout pas avoir un regard d'étrangère. Comme je me sens de toute façon presque chez moi, là-bas, je me suis concentrée sur ces trois femmes. Elles vivent dans un pays qui oscille entre évolution et régression, et elles-mêmes ne cessent de changer. On peut même voir comment elles s'inventent au fur et à mesure que le mensonge s'installe entre elles. Ada, par exemple, écrit de fausses lettres : on voit qu'elle pourrait être romancière... C'est aussi un film sur l'exil – social, culturel, et même à l'intérieur de sa famille... Oui, entre l'exil, la difficulté d'être mère, la France fantasmée comme un ailleurs forcément meilleur... c'est la complexité de ce mélange, qui fonde les personnages, qui m'a intéressée. J'essaie d'éviter la caricature. En tournant plusieurs documentaires, je me suis rendu compte que les gens que je suiva! is pendant des mois, qu'ils soient juge, patron, fossoyeur ou vendeuse de grand magasin, correspondaient rarement à l'image que l'on se fait d'eux. En m'essayant à la fiction, j'ai essayé d'avoir la même démarche : être ouverte aux imprévus.

Propos recueillis par Philippe Piazzo

Depuis qu'Otar est parti de Julie Bertucelli. Sortie cette semaine.


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MACHINE TRANSLATION:

Julie Bertucelli: "A Tbilissi, almost at home"
ADEN | 16.09.03 • UPDATED the 15.09.03 | 19h18
With Since Otar left Julie Bertucelli signs a first film of a rare beauty. Filmed in Georgie, it shows how the everyday life of three women is organized like a balance around an absence. Aden: A grandmother, a mother, a girl. Since Otar left is the history of three women...
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Why to have chosen to make your first film over there?

Already, at the school, I had chosen Russian because my maternal grandmother had married a Russian type-setter, cousin of Nabokov. I fantasmé much on this relationship. I lied by saying that "Nabokov was my grandfather"? and one thought obviously of the writer. While growing, I accepted the destiny! Then, as I spoke Russian, while becoming assistant, I left for turnings to Moscow, in Leningrad... until the day when I went to Georgia with Otar Iosseliani for Brigands, chapter 7 . The country left the civil war but I adored the country, people, their culture. In Tbilissi, much of people are singers or dancers amateurs. That holds them in life. They can go the hours to go to the theatre. Like if their dignity, their heart, held thanks to the culture. For a French, that positions back much from things.

In film, it is especially a question of atmosphere...

Because I had memories of odors of them, sounds... of the memories of balconies out of wooden, paved streets, course with trees sublimes... A whole out of date atmosphere, a kind of temporal expatriation which gives the impression to be in the years 1940-1950, in a Mediterranean environment. Georgia is a crossroads of European, Turkish, Asian influences...

... It is also a country where it is not inevitably easy to live.

One sees the gas cuts, of electricity... And the Maffia, which gangrene all. But the film is not a portrait of Georgia. I did not want especially to have a glance of foreign. Like I smell myself in any event almost at home, over there, I concentrated on these three women. They live in a country which oscillates between evolution and regression, and themselves do not cease changing. One can even see how they are invented as the lie settles between them. Ada, for example, written false letters: it is seen that it could be a romancière... It is also a film on the exile? social, cultural, and even inside its family... Yes, between the exile, the difficulty of being mother, fantasmée France as one elsewhere inevitably better... it is the complexity of this mixture, which melts the characters, who has interested me. I try to avoid the caricature. While turning several documentary, I realized that people that I followed during months, which they are a judge, owner, grave-digger ! or saleswoman of department store, seldom corresponded to the image which one has of them. By testing me with the fiction, I tried to have the same step: to be opened with the unforeseen ones.












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